mardi 7 février 2012


FORECASTING
BarbaraMatijevic et Giuseppe Chico


jeudi29 mars / 22h / La Bobine 

Forecasting clôture latrilogie intitulée malicieusement Théorie d’une performance à venir ou leseul moyen d’éviter le massacre serait-il d’en devenir les auteurs ?  Après avoir exploré les mécanismesd'appropriation du passé dans I AM 1984 et dans Tracks, les deux volets précédents, Forecasting prendcomme point de départ le futur. Au moyende méthodes de prédiction, comme celles élaborées dans les sciences exactes, laphilosophie et la sociologie, Barbara et Giuseppe souhaitent libérer notreimage de l’avenir, avec cette performance étincelante et riche en fantaisie.


Auteurset interprètes : Giuseppe Chico et Barbara Matijevic 
Assistante dramaturgique: Sasa Bozic.
Production: 1er Stratagème et De facto / Coproduction : Kaaitheatre (Bruxelles); UOVO(Milan). Avec le soutien de : la DRAC Ile de France dans le cadre du dispositifde l’aide au projet, le Ministère de la culture de Croatie, la Ville de Zagreb,l’Institut français de Zagreb, PACT Zollverein Essen (accueil en résidence).


Tout comme dans les deux premiers volets, notre point de départ repose sur le constat que la société de consommation, la société des medias, la « société du spectacle », le capitalisme tardif – peu importe le nom que l’on donne à ce moment – se caractérisent par la perte du sens de l’histoire. Nous sommes arrivés à la conclusion qu’aujourd’hui, non seulement le passé n’est pas à l’abri des conquérants, mais il en va de même pour le futur. Un futur préparé par l’élimination de l’historicité, neutralisé par le progrès et l’évolution technologiques : un futur de la mondialisation, un nouveau secteur que le capitalisme pourra investir et coloniser.
Forecasting a pour objet l’exploration de ce rapport à un futur menacé, en s’emparant des méthodes développées par les sciences humaines, telle l’analyse des scénarios et la futurologie, en recherche d’une nouvelle stratégie discursive visant à questionner l’ incapacité croissante à imaginer un futur différent, la certitude idéologique universellement répandue qu’aucun système alternatif ne soit possible. En poursuivant le travail entrepris sur les mécanismes narratifs du texte, le projet utilise les données technologiques, économiques, sociales et culturelles d’un certain passé et d’un certain présent dès lors que, comme nous le rappelle John Robinson Pierce, scientifique et auteur de science-fiction, « si les futurs sont nombreux c’est parce que les passés et les présents n’arrêtent pas de se multiplier ».
Cette angoisse de la perte du futur, analogue à l’angoisse orwellienne de la perte du passé, de la mémoire et de l’enfance, se retrouve dans toute la Science Fiction (en particulier lorsqu’il s’agit d’évoquer le voyage dans le temps). Ce qui nous intéresse dans la SF est moins la tentative de donner l’image d’un monde à venir, que l’effort de défamiliariser et de restructurer l’expérience que nous avons de notre présent. Comme le personnage de l’astronaute Taylor (Charlton Heston) qui, dans la scène finale de La Planète des Singes, se retrouve devant la Statue de la Liberté ensablée sur une plage, nous tenterons de faire l’expérience de notre monde disloqué, transformé en ce qu’il n’est pas ou pas encore, ou ce qu’il était - mais pas au bon endroit. En utilisant les mots de Philip K. Dick : « ... (cette) dislocation doit être conceptuelle, et non simplement triviale ou étrange - c’est là l’essence de la science-fiction, une dislocation conceptuelle dans la société en sorte qu’une nouvelle société est produite dans l’esprit de l’auteur, couchée sur le papier, et à partir du papier elle produit un choc convulsif dans l’esprit du lecteur, le choc produit par un trouble de la reconnaissance. »
Forecasting est donc le titre d'une saga de scénarios indéterminés, « un cliquetis de chaînes qu’on secoue, une concentration, une intense préparation spirituelle pour un stade encore absent ». Notre travail repose sur la pratique de la navigation sur la toile. Dans ce contexte, l’attitude vers la narration change. La coexistence et la juxtaposition des différents contenus sur une page ouverte est bien plus compliquée que le zapping de la télévision – la multitude des histoires simultanées influencent la perceptions et l’interprétation les unes des autres. Chaque technologie ne change pas seulement le monde, mais aussi nos corps dans ce monde. On pourrait dire que le flux d’internet est maintenant dans notre sang, et il qu’il faut apprendre a vivre avec – a le verser, le transfuser, le nettoyer, le tester.
Après des années des cliques sur des interfaces, les objets dans le monde réel ne sont plus les mêmes. Nous pensons que le théâtre doit prendre en considération la façon dont la technologie est en train de réécrire nos corps, notre compréhension de la narration, notre relation avec la culture, et notre compréhension de la présence. Le postulat de base de la représentation – « un acteur devant un public » – n’est plus le même depuis que les millions a travers le monde se mettent en scène et postent leur vidéos sur You tube. Nous avons choisi les vidéos de You Tube comme lieu de projection des changements que l’évolution technologique puisse opérer sur la pensée, les processus cognitifs, les habitudes mentales et corporelles ainsi que sur notre manière d’appréhender le corps. En détournant les mots de J.C. Bailly, on pourrait ainsi dire que « l’on ne connaît le futur et qu’on se l’approprie vraiment qu’en le pratiquant comme une langue ».

biographies

BARBARA MATIJEVI!
 
Née à Nasice (Croatie) en 1978.
Titulaire d'une maîtrise en Lettre et Philosophie.
S’initie à la danse aux États-Unis chez l’Hypaxis Dance Center, Wilton, (New Hampshire).
Diplômée auprès de l’International Center for Contemporary Dance and Performance Art - ATHENA sous la direction artistique de Kilina Cremona à Zagreb.
En 2008 crée avec Sasa Bozic cie de facto.
Elle a collaboré avec Bojan Jablanovec (le projet Via Negativa), Boris Charmatz (le projet Bocal) et Joris Lacoste (« Purgatoire »).
Elle enseigne la danse au Conservatoire Nationale d’Art Dramatique à Osijek (Croatie).


GIUSEPPE CHICO
 
Né à Bari (Italie) en 1974.
Titulaire d'une maîtrise en Langues Anciennes. Débute au théâtre à l’âge de 10 ans en suivant les cours de la Cie Abeliano sous la direction de Tina Tempesta. Approfondit cette pratique au Théâtre Kismet auprès de Robert McNeer et Teresa Ludovico. Collabore aussi comme scénographe avec Paolo Baroni.
Étudie de théâtre à Rome et Milan.
Vit à Paris depuis l’année 2000 où il commence une formation en danse avec Joao Fiadeiro, Vera Montero, Julyen Hamilton, Mark Tompkins, Vera Orlock, Pooh Kaye, K.J. Holmes, Olivier Besson.
Interprète pour plusieurs années de la Cie Mille Plateaux Associés. Il a collaboré aussi avec George Appaix. 
Au théâtre a travaillé également comme interprète pour Joris Lacoste.
 


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