lundi 7 décembre 2009

Transmission des formes traditionnelles ou d'inspirations traditionnelles

A chaque cours dédié aux formes traditionnelles, à chaque stage, que ce soit de danse ou de musique, pour peu que nous soyons un peu critique, la question se pose de savoir ce qui se transmet par notre intermédiaire. L'interrogation ne porte pas sur les mêmes points quand il s'agit des musiques classiques ou contemporaines qui, par nature sont faites pour être enseignées. Mais en ce qui concerne les formes traditionnelles, c'est la situation d'enseignant qui est en cause car, traditionnellement c'est une communauté qui intègre des individus apprenant, et non un individu savant qui enseigne aux autres. Il semble que les conditions de vie communautaire aient disparu, et avec elles la transmission de type traditionnel. Alors on se résigne à adopter une démarche savante, qui est celle de la culture écrite : un professeur donne cours. Et nous nous sentons pleinement justifié par le fait que, sans cet expédient, les formes traditionnelles telles qu'elles ont été collectées, disparaîtraient à jamais, et avec elles un pan de notre patrimoine.

N'y a-t-il aucun moyen de rendre une certaine actualité au mode traditionnel de transmission? c'est à dire permettre, en certaines occasions, à une communauté de musiciens, ou de danseurs, d'intégrer des nouveaux venus, et plutôt que de leur enseigner ce qu'ils doivent faire, les laisser trouver leur place dans le groupe constitué?
Pourquoi le voudrait-on? Parce que, lorsque cela se produit, cela donne lieu à un ensemble vivant, dans lequel chacun, quel que soit son niveau, participe à sa manière, produisant des formes particulières adaptées à ce qu'il est dans le groupe. Il me semble avoir expérimenté cela dans des festivals, particulièrement lorsque les sonos s'arrêtent. Alors une dynamique communautaire se met en mouvement et entraînent les personnes qui le veulent.
Alors à quelles conditions? Déjà il faut prendre conscience que ce mode de transmission a une valeur en lui-même, puisqu'il est à la fois le signe et le ferment de communautés, qui peuvent être hiérarchisées (certains occupant une place plus en vue que les autres), mais qui ne sont pas exclusives en ce sens que nul n'en est exclu, qu'il n'est pas nécessaire d'y être virtuose et que peuvent y coexister tous les degrés de performance. Ensuite il faut se donner le temps de cette transmission, et renoncer à tout apprendre très vite pour choisir de s'imprégner d'un répertoire limité. Et puis il faut se rappeler que le bon goût des personnes cultivées a toujours été heurté par les formes traditionnelles, et que par conséquent il n'est pas certain que toute transmission communautaire soit morte, mais plutôt, peut-être, que ce qui se transmet choque les spécialistes d'aujourd'hui comme il choquait les savants d'autrefois.

Si nous avons quelques chances de tracer de nouveaux chemins parmi les formes traditionnelles ou d'inspirations traditionnelles, ce sera probablement à la lisière des enseignements et des pratiques communautaires.